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Le 34e Prix Polar Michel Lebrun décerné à Claude Poulain de la Fontaine pour Le Quatuor Thérèse (Éditions du Jasmin, juillet 2019) ![]() Cette année, ce sont dix titres, après la lecture de plusieurs dizaines d’ouvrages parus entre juillet 2018 et juillet 2019, qui ont constitué la sélection pour la 34e édition du Prix Polar Michel Lebrun1. La voici : 1. CANTALOUBE Thomas, Requiem pour une république – éd. Gallimard Série noire 2. CALLIGARO Maxime / CARDÈRE Éric, Les Compromis – éd. Rivages 3. CHAUMEIL Jean-Paul, Parfois c’est le diable qui nous sauve de l’enfer – éd. Le Rouergue 4. HUERTAS Hubert, La Boulangère du diable – éd. L’Archipel 5. MI Jianxiu, La Diplomatie du Panda – éd. L’Aube 6. MALØ Mo, Diskø– éd. La Martinière 7. MOATTI Michel, Et tout sera silence – éd. Hervé Chopin 8. NOREK Olivier, Surface – éd. Lafon 9. POULAIN de La FONTAINE Claude, Le Quatuor Thérèse – éd. du Jasmin 10. TSIKALAKIS Yannis, Belleville city – éd. Autrement Cette sélection a été définie le 22 juin. L’été portant conseil aux lecteurs du jury, le 21 septembre, après en avoir délibéré, celui-ci ne gardait plus qu’un dernier carré composé de : 1. CANTALOUBE Thomas, Requiem pour une république – éd. Gallimard Série noire 2. MALØ Mo, Diskø– éd. La Martinière 3. NOREK Olivier, Surface – éd. Lafon 4. POULAIN de La FONTAINE Claude, Le Quatuor Thérèse – éd. du Jasmin ![]() Claude Poulain de la Fontaine est née en 1965 dans une famille qui chérit tout autant la cause littéraire que la musique, deux domaines qu’elle a donc explorés dès son plus jeune âge. Passionnée de littérature (d’abord poésie et grands classiques, puis plus tardivement littérature policière), elle acquiert parallèlement une formation de pianiste et découvre la pratique du chant. Agrégée de musicologie, musicienne, professeure de chant, se produisant également sur scène, elle a travaillé l’art lyrique pendant plus de vingt ans. En parallèle, elle s’ouvre à l’écriture : textes courts, poésie, nouvelles. C’est à l’orée de la cinquantaine qu’elle décide de se consacrer entièrement à sa seconde muse et se lance dans l’écriture romanesque. Claude Poulain de la Fontaine est aujourd’hui l’auteure de deux romans noirs, L’Archet de Milos (2018) et Le Quatuor Thérèse (2019) parus aux éditions du Jasmin. De fait, comme les titres peuvent le laisser entendre, ses textes sont tout empreints de musique. On peut même dire que la musique façonne son travail d’écrivaine. Nombre de ses personnages sont musiciens, comme le commissaire-violoncelliste Jiří Bechnerov, qui traverse ses deux premiers livres. Et il n’est d’ailleurs pas fortuit que ses deux premiers opus se déroulent en Bohême où la tradition musicale tient presque lieu d’identité... Le Quatuor Thérèse, second roman de l’auteure baigne donc dans cet univers. Imaginé comme une composition, il tire son plan des cinq variations de l’œuvre de Schubert La jeune fille et la mort, chaque variation correspondant à l’un des protagonistes du livre, qui devient alors une sorte de soliste. Comme à l’opéra, en somme… Un opéra peut-être baroque puisque l’action mêle une fantaisie de tous les instants (en Bohème, terre sudète, une maison de retraite pour musiciens décatis, un commissaire mort-vivant, une légiste enceinte jusqu’au cou, une madone-policière…) à la gravité la plus sombre (la judéité en question, des crimes horribles…). On sent qu’affleurent les heures ténébreuses du passé de ce centre-Europe. Et au final une partition policière conduite de main de maître par l’auteure. Claude Poulain de la Fontaine ne fait pas encore partie du gotha du polar français. Au regard de la qualité de la sélection 2019, de la renommée de son dauphin (Olivier Norek), son couronnement prend toute sa valeur. En leur temps, parmi tant d’autres lauréats, Fred Vargas (1995), Caryl Ferey (2005) ou Michel Bussi (2011) étaient des quasi-inconnus. Le Prix Polar Michel Lebrun sait se faire découvreur de talents. Jean-Marie Rivier et Jean-Claude Vallejo 1 La remise du prix s'accompagne d'un trophée réalisé par Thierry et Pascal à l'atelier de Groutel, ainsi que de deux bouteilles de Jasnières. 2 On notera toutefois, et on reconnaîtra, que Claude Poulain de La Fontaine n’est que la 7e (ou 8e) femme sur 34 lauréats. Elle vient après Fred Vargas en 1995, Brigitte Aubert en 1996, Stéphanie Benson en 1997, années fastes pour les femmes, puis vient Dominique Sylvain en 2001 et Claude Izner en 2003 (en fait sous ce nom deux sœurs, Liliane et Laurence Korb, nièces de Francis Lemarque). Ensuite il faut attendre sept ans pour le prix remis à Catherine Fradier en 2010 et puis encore neuf années pour voir à nouveau une femme au palmarès. Mais bien sûr cela n’a rien à voir : le jury ne choisit pas un homme ou une femme, pas plus qu’un éditeur, mais tout simplement… un livre. Illustration : Claire Poulain de la Fontaine lors de la remise du prix, Le Mans, décembre 2019 (photo Thierry Gaudin) |