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Le quart d’heure du passeur…
de bulles ![]() Dessins : KolonelChabert Scénario : Jean-Blaise Djan et KolonelChabert Editions : Jungle Cet album narre le destin très chahuté d’un jeune garçon, fils de boucher (fier de lui), qui de décès en amours, de rencontres (plus ou moins heureuses) en coups durs va voir sa vie profondément bouleversée, à plusieurs reprises. Un dessin incisif qui ne refuse ni le détail ni la page pleine, des commentaires (graphiques et scénaristiques) entre humour noir (et rouge) et confidences douces ou saugrenues, des situations cocasses et dramatiques ; une saga forte et bien nourrie, qui nous mène de la Normandie profonde aux lustres d’une vie parisienne, de la boucherie de village aux plateaux de cinéma en passant par les bistrots et les micros télé, de la chanson paillarde à Rabelais : un plaisir à ne pas bouder.
Ce premier tome nous fait découvrir ce que furent ces moments historiques à travers les faits et les gestes de plusieurs acteurs emblématiques : un aristocrate séduit par les idées nouvelles, des mômes et de fortes femmes, des acteurs généreux et d’autres beaucoup moins : un réactionnaire actif et dangereux. Nous découvrons des groupes sociaux et donc les espaces dans lesquels ils évoluent. Les différents chapitres nous font découvrir Paris et ses environs en suivant les mouvements et les évènements dans les rues autant que dans les lieux de décisions et/ou discussions. Le dessin expressif mais sans lyrisme inutile, aux couleurs pastel nous offre à lire et à découvrir sous des angles très pertinents. Le commentaire de Pierre Serna en fin d’album souligne la véracité possible des faits et gestes ici imaginés : « Liberté constitue un vrai récit, au ras du sol mais toujours tendu vers un ciel nouveau… les coups de feu qui vont changer le destin du monde en inventant la Révolution » … Notons que cet album doit être suivi de deux autres : il nous reste donc du pain sur la planche. Une affaire à suivre…
« I have a dream today ! » cette citation inaugure cet album, nous allons découvrir comment lors de la guerre d'indépendance, qui va voir les États-Unis se constituer, des évènements dramatiques vont faire qu’un drapeau cousu par une femme noire va traverser l’histoire et réapparaître à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Nous traversons plusieurs siècles en assistant à la lutte pour l’émancipation des gens de couleurs, toujours aussi âpre et violente. Quand l’Histoire avec un grand H se traduit dans les actes de gens simples et porteurs d’espoirs en lutte contre les représentants des mentalités réactionnaires. Cet album qui alterne les couleurs sombres nous décrit les faits et gestes de héros et héroïnes volontaires ou non, mais porteur d’une force qui illustre la lutte sans cesse recommencée de ceux qu’anime ce désir d’émancipation.
Avec un graphisme réaliste teinté de différents sépias, pour aider à la compréhension de la chronologie, nous avançons… nous comprenons mieux les enchaînements ; c’est une confession bouleversante. L’album se conclut avec un dossier historique de Christian Ingrao : les faits corroborés, les enchaînements liés aux nécessités du moment, nous font plonger dans les abîmes de l’abjection que fut le nazisme.
Chez Rue de Sèvres, tomes un et deux Quand Joann Sfar nous fait ici découvrir l’existence d’une vampire contemporaine : Aspirine et de sa sœur Josacine ; nous côtoyons ces êtres et les suivons. Nous assistons à des rencontres plus ou moins fortuites qui se pourraient être du domaine le plus quotidien : un passager du métro un peu paumé, un prof de la Sorbonne en personnage et d’autres moins courantes : des personnages venus des mythes et des légendes les plus reculés, les rencontres et les affinités se font détonantes, étonnantes voire très sanguinolentes. Joann Sfar nous surprend : il continue à questionner la permanence de ce qui est regardé souvent comme surnaturel, voir relevant de la sphère enfantine ou légendaire. La spiritualité est ici interrogée. Notre inconscient collectif et donc individuel resurgit. Joann Sfar pose des questions là où on a tendance à ne pas le faire, à oublier ce qui a construit nos songes nos univers oniriques, il ranime les acteurs qui les ont animés tout au long de notre enfance et même après, ils viennent vivre ici d’une nouvelle manière… D’autres albums dans la bibliographie de cet auteur prolifique pourront constituer une suite à cet article. Thierry Gaudin |