petit noir, sans sucre |
Sans mot dit Patrick Mosconi éditions La Branche, Suite noire n° 23 « Solstice d’été au bord de la Méditerranée. Un ciel d’ivoire, pourpre à l’ouest, là où le soleil tarde à se fondre dans une mer agitée.» (page 1) « Le colonel se relève, sort son arme et tire une balle dans la tête d’Orloff. Un bruit assourdissant.» (page 50) Les lecteurs de Patrick Mosconi attendaient avec impatience qu’il soit de nouveau publié, qu’il leur écrive un nouveau texte. Chose non promise, chose faite : ils ne pourront être déçus de ce Sans mot dit. Ce court récit, plein de moins de cent pages, est tendu comme un arc dont la flèche, l’histoire, va droit au but. À partir d’un fait divers, l’assassinat d’une jeune femme lors d’une séance sado-maso, Maud est prise dans un piège mortel : elle a reconnu, dans la presse locale, la jeune fille en même temps qu’elle s’aperçoit que les assassins peuvent la reconnaître, elle, qui fut témoin involontaire du meurtre. Elle avertit son frère, journaliste-photographe en Afghanistan, de cette funeste aventure ; ce dernier lui conseille de fuir, il arrivera dès que possible… La suite du récit est classique, au bon sens du terme, et l’enquête menée par un trio d’âmes cabossées est rude et impitoyable. L’originalité de l’écriture de Mosconi tient
dans la construction de personnages, une pute, un photographe, un colonel/baroudeur,
qui s’avèrent être leurs propres doubles au travers
de gémellités qui se révèlent et se croisent
au fur et à mesure du récit. L’auteur nous jette,
à la face, des hommes et des femmes qui extirpent, de leurs faiblesses
intimes, la force de mener un terrible règlement de compte qui
les mènera à la destruction de leur essentielle condition
de survivants. Pascal (Dugommier) Polisset |