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![]() On n’est pas encore au trente-sixième dessous, non,
mais,
entre quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants, c’est au creux
de la vague qu’est venu se
lover ce quarante-sixième Iresuthe. On a ramé, ramé,
contre vents et
marées,
Pas de spi, pas de foil, mais le port est en vue. On envoie la corne de brume, un coup très fort. Fin de la traversée, fin de la métaphore. Comme un voyage en mer, voici un numéro qui s’est élaboré dans la patience et pour tout dire dans la lenteur. Pas à pas, au compte-goutte au fil des mois, avec des périodes d’endormissement, de sommeil profond entrecoupé de petits sursauts. De temps en temps un texte frappe au carreau, le facteur en apporte un (oui, ça arrive encore un peu parfois). Voici un numéro qui a su se faire attendre. Enfin, il est là. Deux centenaires (eh ! oui nous nous faisons bien vieux !) sont au sommaire de ce numéro de la nouvelle année. 2020. D’abord Boris Vian, né en 1920, se voit mis à l’honneur par Thierry Gaudin qui lui fait un clin d’œil et un battement d’aile avec ses « sansonnets ». Pas cent, mais deux pour ouvrir ce numéro. Ensuite, plus loin, Bernard Sénéchal évoque René Guy Cadou, né la même année, en présentant un programme mené par les éditions nantaises du Petit Véhicule pour rendre hommage au poète de Louisfert et de l’école de Rochefort. Vian et Cadou : deux centenaires qui n’ont pas connu la vieillesse. Michel Diaz poursuit avec nous son cheminement méditatif, il donne sens à l’errance dans l’espace et le temps, et, tâtonnant avec les mots dans l’obscur, il recueille la lumière de la poésie et de l’imaginaire. Ce texte, destiné à entrer dans un recueil en cours d'achèvement, a été écrit et enregistré pour la bande-son d'une vidéo (en noir et blanc) du photographe Pierre Fuentes, projetée lors d'une récente exposition. Michel Diaz nous a également confié, en écho à notre précédent numéro sur Baptiste-Marrey et aux affinités poétiques de ce dernier, un très bel article sur Anna Akhmatova et son Requiem. Frank Mintz poursuit pour nous son travail autour de la révolution espagnole, pour Jean-Luc Painaut, tout est littérature et il nous régale, de même que James Tanneau toujours aussi réfractaire, comme la brique du même nom et qui nous réchauffe de recommandations de lecture diverses. Bernard Sénéchal nous fait partager ses vagabondages de lecteur et c’est toujours passionnant. On apprend beaucoup à les lire tous. En tout cas, moi, j’apprends et je les en remercie. Quant à Jack Vérité et Roger Noiseau, à travers deux nouvelles, ils nous régalent avec leur style inimitable pour dépeindre qui une certaine enfance, sans complaisance mais non sans tendresse, qui des instantanés parfois terribles comme ici. Et puis Marie Temporal, que nous sommes heureux de publier pour la première fois, nous propose une nouvelle toute en délicatesse et retenue mais d’où s’échappe une intense émotion. Enfin, comme toujours à cette période de l’année, nous rendons compte du Prix Polar Michel Lebrun, dont vous allez découvrir la lauréate 2019. Et au terme de ce numéro, je me suis avisé que ma relation critique aux livres, n’était pas, ne devait être en aucun cas, un jugement de valeur esthétique ou autre, mais bel et bien un dialogue fécond et si possible enthousiaste. C’est ce que j’ai tenté de faire, avec humilité cela s’entend, à travers ma lecture des quatre ouvrages publiés au cours de l’année écoulée par les éditions Obsidiane. Un numéro tardif, donc, qui vient tranquillement se
poser sous les yeux
de ses lecteurs au seuil de la nouvelle année, après la chute des
feuilles et après avoir
traversé les saisons, un numéro un peu « hors saison », en somme. Le «
hors saison » étant généralement
plein de charme, formons le vœu qu’il en soit de même ici. Bonne,
vivifiante, agréable
lecture. Enrichissante aussi – pour l’esprit en tout cas… Jean-Claude Vallejo
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